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JACQUES 1 – UNE FOI VIVANTE DANS LES ÉPREUVES ET LES TENTATIONS

A. Épreuves et sagesse.

1. (1) Une salutation de Jacques.

De la part de Jacques, serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ,
aux douze tribus dispersées : salut !

a. Jacques : De nombreux hommes nommés Jacques sont mentionnés dans le Nouveau Testament, mais une tradition fiable attribue cette épitre à celui qui est surnommé Jacques le Juste, demi-frère de Jésus (Matthieu 13:55) et frère de Jude (Jude 1), et qui a dirigé l’Église à Jérusalem (Actes 15:13).

i. Parmi les autres hommes nommés Jacques qui sont mentionnés dans la Bible, il y a :

· Jacques, frère de Jean et fils de Zébédée, le premier apôtre martyr appelé aussi Jacques le Mineur (Matthieu 10:2, Marc 15:40, Actes 12:2) ;

· Jacques, fils d’Alphée, lui aussi l’un des douze disciples (Matthieu 10:3) ;

· Jacques, père de l’apôtre Jude (Luc 6:16).

ii. L’auteur de cette épitre est le même Jacques à qui Jésus est apparu d’une manière spéciale (1 Corinthiens 15:7). Cette apparition a probablement mené à la conversion de Jacques, car jusque-là, les frères de Jésus semblaient ne pas être favorables à Son message et à Sa mission (Jean 7:5).

iii. Quand il s’est mis à suivre Jésus, il l’a fait avec un grand dévouement. Un ancien récit de l’Église dit que Jacques était un tel homme de prière que ses genoux ressemblaient à ceux d’un chameau, tant ils avaient de larges et épaisses callosités. Selon ce même récit, Jacques aurait été martyrisé à Jérusalem en étant précipité de l’un des sommets du temple. Toutefois, la chute ne l’a pas tué, mais au sol il a été battu à mort alors qu’il priait pour ses agresseurs.

b. Serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ : Lorsque l’on sait que ce Jacques était le demi-frère de Jésus, sa présentation de soi devient d’autant plus significative. Il ne s’est pas proclamé le « frère de Jésus », mais simplement serviteur de Dieu et du Seigneur Jésus-Christ. Jésus était plus que le frère de Jacques ; avant tout, Jésus était son Seigneur.

i. Serviteur est un mot important. Il traduit le mot grec ancien doulos, et est probablement mieux rendu tout simplement par esclave. « Un esclave, une personne qui est en relation permanente de servitude avec une autre personne… Chez les Grecs, avec leur fort sentiment de liberté personnelle, le terme comportait une connotation dégradante » (Hiebert).

ii. Seigneur est aussi un mot important. Il traduit le mot du grec ancien kyrios. Ce mot signifiait tout simplement le maitre d’un doulos, et dans le contexte, cela voulait dire que Jacques considérait Jésus comme Dieu. « Les Juifs hellénistiques utilisaient le mot Kyrios comme nom pour Dieu ; le non-usage de l’article rehausse l’importance de ce mot quand l’on se rappelle que ô Kyrios, “Dominus”, était un titre donné aux premiers empereurs romains afin d’exprimer leur divinité » (Oesterley dans Expositor’s).

c. Aux douze tribus : Ce que Jacques voulait dire par cette référence aux douze tribus est difficile à comprendre. La question est de savoir si Jacques a écrit l’épitre uniquement aux chrétiens d’origine juive ou à tous les chrétiens. Bien entendu, cette épitre s’applique à tous les chrétiens. Pourtant, Jacques a probablement écrit cette épitre avant que les non-Juifs ne soient accueillis dans l’Église, ou du moins, avant que les chrétiens non-Juifs ne deviennent nombreux.

i. Les douze tribus était une figure de style qu’employaient les Juifs et qui renvoyait parfois au peuple juif dans son ensemble (Matthieu 19:28). Paul fait référence à nos douze tribus dans son discours devant le roi Agrippa (Actes 26:7). Le concept des « douze tribus » parmi les Juifs était encore très courant, même s’ils n’avaient pas habité dans les territoires attribués aux tribus depuis des siècles.

ii. Dans Galates 2:8-9, Paul décrit certains des apôtres du premier siècle comme les apôtres des circoncis, ce qui veut dire que leur ministère visait principalement les brebis perdues d’Israël, comme Jésus l’a mentionné dans Matthieu 10:6 et 15:24. Dans ce contexte, Paul a mentionné ce même Jacques. On peut donc le considérer comme étant aussi un apôtre des circoncis.

iii. Dispersées : À cette époque, le peuple juif était dispersé partout dans le monde, et on trouvait une présence chrétienne parmi la plupart des communautés juives dans le monde. Au sujet de l’étendue de la dispersion, Josèphe écrit ceci : « Il n’y a aucune ville, ni aucune tribu, qu’elle soit grecque ou barbare, dans laquelle la loi juive et les coutumes juives ne se soient pas enracinées » (cité dans Barclay).

iv. Puisque cette épitre a été écrite pour l’ensemble des chrétiens tel qu’il existait à l’époque, elle est également pour nous aujourd’hui. Certains croient que l’épitre de Jacques n’est pas importante pour les chrétiens et d’autres citent les propos bien connus de Martin Luther qualifiant celle-ci « d’épitre de paille ». Cependant, la remarque de Luther devrait être comprise dans son contexte. Il était parfois frustré parce que ceux qui voulaient promouvoir le salut par les œuvres citaient certains versets de Jacques contre lui. Son intention était de faire remarquer que très peu sinon rien dans Jacques ne prêchait l’évangile de la justification par la foi seule. À un autre endroit, Luther a écrit ceci au sujet de Jacques : « Je tiens en haute estime l’épitre de Jacques, et la considère comme étant précieuse… Elle n’expose pas de doctrines humaines, mais accorde beaucoup d’importance à la loi de Dieu » (cité dans Barclay).

v. Martin Luther connaissait et enseignait exactement ce que l’épitre de Jacques enseigne. Ce qui suit est tiré de sa préface à l’épitre aux Romains concernant la foi qui sauve : Ô quelle chose vivante, efficace, active et puissante que cette foi ! Il est par conséquent impossible qu’elle ne fasse pas sans cesse le bien. Elle ne demande pas s’il faut faire de bonnes œuvres, mais avant qu’on le lui ait demandé, elle les a déjà faites et elle est toujours à l’œuvre. Mais celui qui ne fait pas de telles œuvres est un homme sans foi. Il cherche à tâtons où se trouvent la foi et les bonnes œuvres et ne sait ni ce qu’est la foi ni ce que sont les bonnes œuvres, dont il parle à tort et à travers (cité dans Moo).

vi. À bien des égards, nous écoutons l’épitre de Jacques parce qu’elle fait écho aux enseignements de Jésus. Elle contient au moins quinze allusions au Sermon sur la montagne. C’est un homme qui connaissait les enseignements de Jésus et qui les prenait au sérieux qui a écrit cette épitre.

d. Salut : Il était courant parmi les Grecs de commencer une lettre par ce genre de salutation. Paul ne l’a jamais utilisée ; il préférait saluer ces lecteurs avec les mots grâce et paix. Ici, Jacques emploie cette salutation plus habituelle.

2. (2-4) La persévérance dans les épreuves.

Mes frères et sœurs, considérez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés, sachant que la mise à l’épreuve de votre foi produit la persévérance. Mais il faut que la persévérance accomplisse parfaitement sa tâche afin que vous soyez parfaitement qualifiés, sans défaut, et qu’il ne vous manque rien.

a. Considérez comme un sujet de joie complète les diverses épreuves auxquelles vous pouvez être exposés : Jacques considérait les épreuves comme étant inévitables. L’ancienne traduction Darby de la Bible dit quand vous serez en butte à diverses tentations, et non si vous êtes en butte à diverses tentations. En même temps, les épreuves sont des occasions de joie, et non de résignation et de découragement. Nous pouvons les considérer comme un sujet de joie complète parce qu’elles sont utilisées pour produire la persévérance.

i. Moffatt a traduit Jacques 1:2 par salue-les en tant que joie parfaite, en faisant remarquer un jeu de mots entre salut à la fin de Jacques 1:1, et un mot semblable au début de Jacques 1:2. Il s’agit « d’une tentative de souligner le jeu de mots qui se trouve dans l’original, où le courtois chairein (salut) ressemble à charan (joie) ».

ii. L’ancienne traduction Darby de la Bible dit : « […] quand vous serez en butte à diverses tentations. » Toutefois, la traduction par épreuves est préférable. Le mot traduit par épreuves « signifie affliction, persécution ou épreuve de toute sorte ; il est utilisé ici dans ce sens, sans intention de suggestion diabolique, ou de ce que l’on comprend généralement par le mot tentation » (Clarke).

iii. Quand vous tombez dans (version Chouraqui) : « Non pas y pénétrer petit à petit, mais y être précipité, plongé… Quand vous êtes entourés au point où vous ne pouvez pas y échapper ; être en détresse, comme l’était David dans le Psaume 116:3 » (Trapp).

iv. La persévérance traduit le mot grec ancien hupomone. Ce mot ne décrit pas une attente passive, mais une endurance active. Il ne s’agit pas tant ici de la qualité qui vous aide à attendre patiemment dans la salle d’attente chez le médecin que de celle qui vous permet de finir un marathon.

v. Le mot grec ancien hupomone est composé de hupo (sous) et de meno (demeurer, subsister, rester). À la base, ce mot veut dire demeurer sous. Il évoque l’image d’une personne sous un lourd poids qui choisit d’y rester plutôt que de tenter d’y échapper. Le philosophe Philon a décrit l’hupomone comme « la reine des vertus » (cité dans Hiebert). Oesterley, commentateur de grec, a dit que ce mot traduit par persévérance décrivait « un état d’esprit qui endure ».

b. Sachant que la mise à l’épreuve de votre foi produit la persévérance : La foi est testée par les épreuves, et non pas produite par les épreuves. Les épreuves révèlent la foi que nous avons ; non pas parce que Dieu ne sait pas quelle est la profondeur de notre foi, mais afin que notre foi soit évidente pour nous et notre entourage.

i. Nous remarquons que c’est la foi qui est mise à l’épreuve. Cela montre que la foi est importante et précieuse, car seules les choses précieuses sont testées aussi rigoureusement. « La foi est essentielle au salut tout comme le cœur est essentiel au corps : ainsi, les javelots de l’ennemi visent principalement cette grâce essentielle » (Spurgeon).

ii. Qu’est-ce qui produit la foi si ce ne sont pas les épreuves ? Romains 10:17 dit ceci : « Ainsi la foi vient de ce qu’on entend et ce qu’on entend vient de la parole de Dieu. » La foi est produite surnaturellement en nous lorsque nous entendons et comprenons la parole de Dieu et lui faisons confiance.

iii. Jacques ne voulait pas que qui que ce soit pense que Dieu envoie les épreuves pour endommager ou détruire notre foi ; il revient  ce point dans Jacques 1:13-18.

c. Produit la persévérance : Les épreuves ne produisent pas la foi, mais lorsque les épreuves sont accueillies avec foi, cela produit la persévérance. Toutefois, la persévérance n’est pas nécessairement produite pendant les épreuves. Si les difficultés sont accueillies avec incrédulité et murmures, les épreuves peuvent produire l’amertume et le découragement. C’est pour cette raison que Jacques nous exhorte à les considérer comme un sujet de joie complète. Les considérer comme un sujet de joie complète est la réponse de la foi dans les épreuves.

i. « On affirme parfois que Jacques demandait à ses lecteurs de prendre plaisir à leurs épreuves… Il n’a pas dit qu’ils doivent ressentir une joie complète, ou que les épreuves sont une joie complète » (Hiebert).

d. Mais il faut que la persévérance accomplisse parfaitement sa tâche afin que vous soyez parfaitement qualifiés, sans défaut, et qu’il ne vous manque rien : Le travail de la persévérance se fait lentement et doit pouvoir s’épanouir complètement. La persévérance est la marque d’individus qui sont parfaitement qualifiés, sans défaut, et [à qui] il ne… manque rien.

i. « La persévérance ne doit pas être inférieure à l’affliction ne serait-ce qu’un tant soit peu. Si le pont s’arrête à mi-chemin au-dessus du ruisseau, nous aurons de la difficulté à le franchir. Le diable désire que nous nous hâtions » (Trapp).

ii. « Certains croient que ces expressions dans leur présente application ont été empruntées aux jeux grecs : un homme était parfait lorsqu’il avait remporté la victoire dans n’importe laquelle des épreuves athlétiques ; il était entier, ayant tout au complet, lorsqu’il était victorieux dans le pentathlon, dans chacune des cinq épreuves » (Clarke).

iii. D’autres croient que les termes viennent du monde des sacrifices, où seul un animal sacrificiel potentiel qu’on jugeait parfaitement qualifi[é], sans défaut, et [auquel] il ne … manque rien pouvait être offert à Dieu. Cela voulait dire que l’animal avait été éprouvé et approuvé.

iv. « La tendance naturelle des difficultés n’est pas de sanctifier, mais d’induire au péché. Un homme est très susceptible de devenir incrédule dans l’affliction : c’est un péché. Il est susceptible de murmurer contre Dieu dans l’affliction : c’est un péché. Il est susceptible de commettre le mal pour échapper à sa difficulté : c’est aussi un péché. Ainsi, il nous est dit de prier ainsi : “Ne nous expose pas à la tentation ; parce que les épreuves ont en elles-mêmes une mesure de tentation” ; et si elles n’étaient pas neutralisées par la grâce abondante, elles nous conduiraient au péché » (Spurgeon).

v. Pourtant, les épreuves peuvent manifester une merveilleuse œuvre de Dieu en nous. « J’ai regardé en arrière vers des moments d’épreuve avec une sorte de nostalgie. Je ne désire pas qu’ils reviennent, mais que je puisse ressentir la force de Dieu comme à ces moments-là, ressentir la puissance de la foi comme à ces moments-là, m’appuyer sur le bras puissant de Dieu comme à ces moments-là et voir Dieu à l’œuvre comme à ces moments-là » (Spurgeon).

3. (5-8) Comment recevoir de Dieu la sagesse dont vous avez besoin.

Si l’un de vous manque de sagesse, qu’il la demande à Dieu, qui donne à tous simplement et sans faire de reproche, et elle lui sera donnée. Mais qu’il la demande avec foi, sans douter, car celui qui doute ressemble aux vagues de la mer que le vent soulève et agite de tous côtés. Qu’un tel homme ne s’imagine pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur : c’est un homme partagé, instable dans toute sa conduite.

a. Si l’un de vous manque de sagesse : Les épreuves apportent une saison où il est nécessaire de rechercher la sagesse auprès de Dieu. Souvent, nous ne savons pas que nous avons besoin de sagesse jusqu’à ce que nous éprouvions des difficultés. En temps d’épreuve, nous devons savoir si Dieu veut que nous éliminions une épreuve particulière par la foi ou que nous persévérions dans celle-ci par la foi. Pour cela, nous avons besoin de sagesse.

i. Dans les épreuves, nous avons besoin de sagesse bien plus que de la connaissance. La connaissance, c’est de l’information brute alors que la sagesse sait comment l’appliquer. Quelqu’un a dit que la connaissance est la capacité de déconstruire les choses, mais la sagesse, la capacité de les assembler.

b. Qu’il la demande à Dieu : Pour recevoir la sagesse, on la demande à Dieu, tout simplement. Il donne la sagesse généreusement (simplement), et sans mépriser notre demande (sans faire de reproche).

i. « Nous sommes tous tellement prêts à nous tourner vers les livres, les hommes, les cérémonies, vers tout sauf Dieu… Par conséquent, le texte ne dit pas “qu’il la demande aux livres” ni “aux prêtres”, mais “qu’il la demande à Dieu” » (Spurgeon).

ii. Dieu donne vraiment simplement (généreusement). « Il donne selon son excellente grandeur. Quand Alexandre le Grand a donné une ville à un homme pauvre, et que ce dernier l’a refusée modestement, jugeant qu’elle était trop pour lui, Alexandre a répondu, Non quaero quid te accipere deceat, sed quid me dare, ce qui veut dire “Je ne cherche pas ce qu’il te convient de recevoir, mais ce qu’il me convient de donner” » (Trapp).

iii. Sans faire de reproche : « Ceci est ajouté, de peur que quiconque ne craigne de venir trop souvent à Dieu… car il est toujours prêt à ajouter de nouvelles bénédictions aux anciennes, sans aucune fin ni limitation » (Calvin). Connaitre la générosité de Dieu – sachant qu’il ne nous méprise jamais ni ne s’indigne contre nous lorsque nous demandons la sagesse – devrait nous encourager à souvent Lui demander. Nous comprenons qu’il est le Dieu de la main ouverte et non du poing fermé.

iv. Lorsque nous voulons de la sagesse, la Bible est l’endroit où il faut commencer et terminer. La vraie sagesse sera toujours cohérente avec la Parole de Dieu.

v. Le langage ici sous-entend l’humilité lorsque l’on vient à Dieu. « Le texte ne dit pas : “Qu’il l’achète de Dieu, qu’il l’exige de Dieu, qu’il la gagne de Dieu.” Ô, non ! – “Qu’il la demande à Dieu.” C’est le mot du mendiant. Le mendiant demande l’aumône. Vous devez demander comme le mendiant vous demande dans la rue, et Dieu vous donnera beaucoup plus généreusement que vous donnez aux pauvres. Vous devez confesser que vous n’avez aucun mérite » (Spurgeon).

c. Mais qu’il la demande avec foi : Notre demande de sagesse doit être faite comme toute autre demande, c’est-à-dire avec foi, sans douter de la capacité ou du désir de Dieu de nous donner Sa sagesse.

i. Nous remarquons que l’on doit non seulement venir avec foi, mais aussi demande[r] avec foi ; c’est là que les prières de nombreuses personnes échouent. « Chers amis, il y a une façon de prier par laquelle vous ne demandez rien, et c’est ce que vous recevez » (Spurgeon).

d. Sans douter… Qu’un tel homme ne s’imagine pas qu’il recevra quelque chose du Seigneur : Celui qui doute et manque de foi ne devrait pas s’attendre à recevoir quelque chose du Seigneur. Ce manque de foi et de confiance en Dieu montre aussi qu’il n’a aucun fondement et qu’il est instable dans toute sa conduite.

i. Ressemble aux vagues de la mer que le vent soulève et agite de tous côtés : « L’homme qui n’est pas pleinement persuadé que s’il demande à Dieu, il recevra, ressemble aux vagues de la mer ; il est dans un état d’agitation constante, soulevé par le vent et agité de tous côtés : à un moment, il monte par l’espoir, puis il sombre par le désespoir » (Clarke).

ii. [Les] vagues de la mer décrivent bien celui qui est entravé par l’incrédulité et les doutes inutiles.

· [Les] vagues de la mer sont sans repos, et ainsi est celui qui doute.

· [Les] vagues de la mer sont instables, et ainsi est celui qui doute.

· [Les] vagues de la mer sont soulevées par le vent, et ainsi est celui qui doute.

· [Les] vagues de la mer peuvent être très destructrices, et ainsi est celui qui doute.

e. Un homme partagé, instable dans toute sa conduite : Le fait de demander à Dieu, mais en doutant, montre que l’on est partagé. Si on n’avait aucune foi, on ne demanderait jamais. Si on n’avait aucune incrédulité, on le ferait sans douter. Le fait de se trouver au milieu entre la foi et l’incrédulité, c’est d’être partagé.

i. Selon Hiebert, partagé veut dire littéralement à l’âme double. « L’homme à deux âmes, dont l’une est pour la terre et l’autre pour le ciel, veut obtenir les deux mondes ; il n’abandonnera pas la terre, et il est réticent à renoncer au ciel » (Clarke).

ii. L’homme qui a dit à Jésus « Je crois, [Seigneur], viens au secours de mon incrédulité ! » (Marc 9:24) n’était pas partagé. Il voulait croire, et a déclaré sa foi. Sa foi était faible, mais elle n’était pas teintée de doute manifestant qu’il était partagé.

iii. « Croyez-vous que Dieu peut vous donner la sagesse et qu’il le fera si vous le lui demandez ? Allez donc tout de suite à lui et dites : “Seigneur, voici ce dont j’ai besoin.” Précisez vos désirs, exposez votre état exact, présentez tout le cas à Dieu avec autant d’ordre que si vous racontiez votre histoire à un ami intelligent qui était désireux de l’entendre et prêt à vous aider. Ensuite, dites : “Seigneur, voici précisément ce que je pense vouloir, et je demande cette chose de toi en croyant que tu peux me la donner” » (Spurgeon).

4. (9-11) Un encouragement pour ceux qui sont éprouvés.

Que le frère de condition humble tire fierté de son élévation. Que le riche, au contraire, se montre fier de son abaissement, car il disparaîtra comme la fleur de l’herbe. Le soleil se lève avec son ardente chaleur, il dessèche l’herbe, sa fleur tombe et toute sa beauté s’évanouit. De même, le riche se flétrira dans ses entreprises.

a. Que le frère de condition humble tire fierté de son élévation : Comme il est approprié pour celui de condition humble de se réjouir lorsqu’il est élevé par Dieu, il est également approprié (bien qu’il soit plus difficile) pour celui qui est élevé (le riche) de se réjouir lorsqu’il est abaiss[é] par les épreuves.

i. « Comme le frère pauvre oublie sa pauvreté terrestre, le frère riche oublie ses richesses terrestres. Par la foi en Christ, les deux sont égaux » (Hiebert, citant Lenski).

ii. Bien que nous puissions considérer la pauvreté et les richesses relatives comme des épreuves ou des tests d’une foi vivante que pourrait subir le chrétien, Jacques semble néanmoins avoir fait un changement soudain de sujet, passant des épreuves et de la sagesse aux richesses et à l’humilité. À certains égards, l’épitre de Jacques est comme le livre des Proverbes ou d’autres livres de sagesse dans l’Ancien Testament qui passent d’un sujet à l’autre et reviennent à un sujet précédent.

b. Car il disparaîtra comme la fleur de l’herbe : Les épreuves servent à rappeler aux riches et aux haut placés que même s’ils sont à l’aise dans cette vie, celle-ci se flétrit comme jaunit l’herbe et se fanent les fleurs.

i. En Israël, de nombreuses fleurs magnifiques prennent vie quand la pluie tombe, mais elles ne durent qu’un bref moment avant de se flétrir. Par rapport à l’éternité, c’est la vitesse à laquelle le riche se flétrira dans ses entreprises.

ii. La richesse de ce monde se flétrira certainement, mais Jacques dit que de même, le riche se flétrira. Si l’on met sa vie et son identité dans ce qui se flétrira, on se flétrira aussi. Combien il est mieux de mettre notre vie et notre identité dans des choses qui ne se flétriront jamais ! Quand un homme n’est riche que dans ce monde, à sa mort, il quitte ses richesses. Mais si un homme est riche devant Dieu, à sa mort, il va vers ses richesses.

B. Vivre pour le Seigneur en temps d’épreuve.

1. (12) Une bénédiction pour ceux qui tiennent bon face à la tentation.

Heureux l’homme qui tient bon face à la tentation car, après avoir fait ses preuves, il recevra la couronne de la vie que le Seigneur a promise à ceux qui l’aiment.

a. Heureux l’homme : Cela ressemble à l’une des béatitudes de Jésus dans le Sermon sur la montagne (Matthieu 5:1-12). Dans ces merveilleuses paroles de bénédiction, Jésus ne nous enseigne pas les seuls moyens d’être heureux. Ici, nous apprenons que nous pouvons être heureux lorsque nous tenons bon face à la tentation.

i. Jacques ne dit pas : « Heureux l’homme qui n’est jamais tenté. » Il ne dit pas non plus : « Heureux l’homme qui résiste sans difficulté à toute tentation. » Au lieu de cela, la promesse de bénédiction est faite à celui qui tient bon face à la tentation. Dieu accorde une bénédiction spéciale à celui qui peut dire « non » à la tentation, et ainsi dire « oui » à Dieu.

b. Car, après avoir fait ses preuves : Ici, Jacques donne la raison pour laquelle Dieu permet les tentations. Elles servent à faire ses preuves, en révélant que notre foi est authentique et forte.

c. Qui tient bon face à la tentation : La tentation est l’une des diverses épreuves (Jacques 1:2) auxquelles nous faisons face. En persévérant face à la tentation, l’on fait ses preuves, et nous serons récompensés puisque l’œuvre de Dieu en nous est manifestée par notre résistance à la tentation.

d. La couronne de la vie que le Seigneur a promise : Jacques nous rappelle qu’il vaut vraiment la peine de tenir bon face à la tentation. Notre fermeté sera récompensée puisque nous faisons preuve de notre amour pour Jésus (à ceux qui l’aiment) en résistant à la tentation.

i. « Une couronne m’est réservée… Je vais me ceindre les reins et accélérer le pas, car la couronne est garantie à ceux qui courent avec patience » (Spurgeon).

e. À ceux qui l’aiment : Tel est le motif qui nous pousse à résister à la tentation : notre amour pour Dieu. Les passions de la tentation pécheresse ne peuvent être réellement vaincues que par une plus grande passion, qui est celle que nous avons pour l’honneur et la gloire de Dieu et pour notre relation avec lui.

i. Certains résistent à la tentation en raison de la crainte des hommes. Le voleur devient soudainement honnête quand il voit un policier. L’homme ou la femme maitrise ses convoitises parce qu’il ou elle ne supporte pas de se faire prendre et ainsi d’être plongé dans l’embarras. D’autres résistent à la tentation pour un péché donné par la puissance d’un autre péché. Le grippe-sou renonce à faire la fête parce qu’il ne veut pas dépenser d’argent. Mais le meilleur motif pour résister à la tentation est de [l’aimer], et ce, avec une force et une passion supérieures à l’amour que nous avons pour un péché en particulier.

ii. « Ceux qui endurent la tentation correctement l’endurent parce qu’ils aiment Dieu. Ils se disent : “Comment pourrais-je commettre ce grand mal, et pécher contre Dieu ?” Ils ne peuvent pas succomber au péché parce que cela attristerait celui qui les aime tellement bien, et qu’ils aiment de tout leur cœur » (Spurgeon).

2. (13-16) Comment vient la tentation et comment elle fonctionne.

Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : « C’est Dieu qui me tente », car Dieu ne peut pas être tenté par le mal et il ne tente lui-même personne. Mais chacun est tenté quand il est attiré et entraîné par ses propres désirs. Puis le désir, lorsqu’il est encouragé, donne naissance au péché et le péché, parvenu à son plein développement, a pour fruit la mort. Ne vous y trompez pas, mes frères et sœurs bien-aimés.

a. Que personne, lorsqu’il est tenté, ne dise : « C’est Dieu qui me tente » : La tentation ne vient pas de Dieu. Même s’il permet la tentation, Dieu ne nous incite pas lui-même au mal, bien qu’il puisse mettre notre foi à l’épreuve sans une sollicitation au mal (et il ne tente lui-même personne).

i. Jacques savait que la plupart des gens ont la mauvaise tendance à blâmer Dieu lorsqu’ils traversent des épreuves. Pourtant, par sa nature même, Dieu est incapable soit d’être tenté (de la manière dont nous le sommes, comme Jacques l’expliquera) soit de tenter quiconque.

ii. « Il montre la grande cause du péché ; que le désir a une plus grande part de responsabilité que le diable ou ses instruments, qui ne peuvent pas nous faire pécher sans nous : ils nous tentent parfois sans triompher » (Poole).

iii. Dieu permet parfois à de grandes épreuves d’atteindre les siens, même certains qui pourraient être vus comme Ses favoris. Nous pensons au commandement difficile qu’il a donné à Abraham (Genèse 22:1), et aux souffrances qu’il a permises dans la vie de Job (Job 1-2). À d’autres moments, Il peut envoyer des épreuves sous forme de jugement sur ceux qui L’ont rejeté, comme l’envoi d’un esprit pour apporter le mensonge (1 Rois 22:19-23) ou l’abandon d’un homme et le refus de lui répondre (1 Samuel 28:15-16). Pourtant, en aucun cas Dieu n’entraine une personne vers le mal.

iv. « Satan nous tente : Dieu nous met à l’épreuve. Mais la même épreuve pourrait être à la fois une tentation et une épreuve ; cela peut être une épreuve du côté de Dieu, et une tentation du côté de Satan, tout comme Job a souffert par la main de Satan, et c’était une tentation, mais il a aussi souffert par la main de Dieu à travers Satan, et c’était ainsi une épreuve pour lui » (Spurgeon).

b. Mais chacun est tenté quand il est attiré et entraîné par ses propres désirs : Dieu ne nous tente pas. En fait, la tentation vient quand l’on est attiré par ses propres désirs charnels et entraîné, le monde et le diable fournissant l’incitation.

i. Attiré : « Il s’agit d’une métaphore s’inspirant soit d’un poisson attiré par un appât, et entrainé par celui-ci, soit d’une prostituée attirant un jeune homme hors de la bonne voie et le séduisant avec l’appât du plaisir de commettre un acte de folie avec elle » (Poole).

ii. Bien entendu, Satan nous tente, mais la tentation nous accroche uniquement à cause de notre nature déchue, qui corrompt les désirs que Dieu nous a donnés. Nous donnons souvent trop de crédit à Satan pour ses pouvoirs de tentation et ne reconnaissons pas que nous sommes attiré[s] par nos propres désirs. Certains supplient presque Satan de les tenter.

iii. Ceux qui aiment souligner la souveraineté de Dieu disent que Dieu est responsable de toutes choses. Pourtant, Dieu n’est jamais responsable du péché de l’homme. Dans son commentaire sur ce texte, Jean Calvin lui-même a écrit : « Lorsque l’Écriture attribue à Dieu l’aveuglement ou la dureté de cœur, elle ne lui attribue pas le début de cet aveuglement ni ne fait de lui l’auteur du péché, de manière à lui attribuer le blâme. » Calvin a également écrit : « L’Écriture affirme que les réprouvés sont livrés à des convoitises dépravées ; mais est-ce parce que le Seigneur déprave ou corrompt leur cœur ? En aucun cas ; car leur cœur est soumis à des convoitises dépravées, parce qu’ils sont déjà corrompus et vicieux. »

c. Puis le désir, lorsqu’il est encouragé, donne naissance au péché : Le péché jaillit du désir corrompu. La mort jaillit du péché. Cette progression jusqu’à la mort est le résultat inévitable que Satan essaie de nous cacher, mais au sujet duquel nous ne devons jamais nous tromper.

i. « Jacques présente le désir des hommes comme une prostituée qui séduit leur intelligence et leur volonté et les attire dans ses étreintes impures et, de cette conjonction, le désir conçoit le péché. Le péché qui est produit agit immédiatement et est nourri par de fréquentes répétitions jusqu’à ce qu’il devienne tellement puissant qu’il engendre à son tour la mort. Voilà la vraie généalogie du péché et de la mort » (Clarke).

d. Ne vous y trompez pas, mes frères et sœurs bien-aimés : La grande stratégie de Satan dans la tentation est de nous convaincre que la satisfaction de nos désirs corrompus produira pour nous la vie et la bonté. Si nous nous rappelons que Satan ne vient que pour voler, égorger et détruire (Jean 10:10), nous pouvons alors mieux résister aux mensonges de la tentation.

3. (17-18) La bonté de Dieu contraste avec les tentations auxquelles nous faisons face.

Tout bienfait et tout don parfait viennent d’en haut ; ils descendent du Père des lumières, en qui il n’y a ni changement ni l’ombre d’une variation. Conformément à sa volonté, il nous a donné la vie par la parole de vérité afin que nous soyons en quelque sorte les premières de ses créatures.

a. Tout bienfait et tout don parfait viennent d’en haut : Nous n’attendons aucune vraie bonté de notre propre nature déchue et de ceux qui veulent nous séduire. Mais tout bienfait et tout don parfait viennent de Dieu le Père céleste.

i. Bien sûr, la bonté suprême de tout don doit être mesurée selon une échelle éternelle. Quelque chose qui semble être uniquement bon (comme gagner à la loterie) pourrait en fait nous détruire.

b. En qui il n’y a ni changement ni l’ombre d’une variation : La bonté de Dieu est constante. Il n’y a pas de changement en Lui. Au lieu des ombres, Dieu est le Père des lumières.

i. Selon Hiebert, le grec ancien souligne qu’il s’agit de lumières spécifiques. Les lumières en question sont les corps célestes qui illuminent le ciel, le jour comme la nuit. Le soleil et les étoiles ne cessent jamais de donner de la lumière, même quand nous ne les voyons pas. De la même manière, il n’y a jamais d’ombre en Dieu. Quand la nuit tombe, les ténèbres ne sont pas la faute du soleil ; il brille avec autant d’éclat qu’avant. C’est plutôt la terre qui s’est détournée du soleil et les ténèbres viennent.

ii. Cela signifie que Dieu ne change jamais. Parmi les théologiens modernes, certains ont adhéré à ce qu’on appelle la théologie du processus selon laquelle Dieu est en cours de « maturation » et de « croissance » et est Lui-même « en devenir ». Pourtant, la Bible affirme qu’en Dieu il n’y a ni changement ni l’ombre d’une variation.

c. Conformément à sa volonté, il nous a donné la vie par la parole de vérité : Jacques avait compris que le don du salut était donné par Dieu et non pas acquis par les œuvres ou l’obéissance de l’homme. C’est conformément à sa volonté qu’il nous a donné la vie pour le salut.

i. Il nous a donné la vie : « Le terme signifie qu’Il a rempli les fonctions de mère pour nous, nous amenant dans la lumière de la vie » (Trapp).

ii. « La plupart du temps, les hommes qui sont généreux ont besoin que l’on incite leur générosité. On doit les attendre, on doit leur adresser des demandes, on doit parfois les presser, un exemple doit les pousser à agir. Mais “conformément à sa volonté”, Dieu a fait pour nous tout ce qui a été fait, sans incitation ni encouragement, motivé par lui-même seulement, parce qu’il a pris plaisir à la miséricorde, parce que son nom et sa nature sont l’amour, parce que pour toujours, comme le soleil, il est naturel pour lui de distribuer les rayons de sa grâce éternelle » (Spurgeon).

d. Afin que nous soyons en quelque sorte les premières de ses créatures : Notre salut nous montre la bonté de Dieu puisqu’Il l’a initié conformément à sa volonté et qu’Il nous a donné la vie spirituelle par Sa parole de vérité, afin que nous soyons les premières de ses créatures, les premiers fruits de Sa récolte à Sa gloire.

i. Dans les versets précédents, Jacques nous a dit ce que le désir de l’homme fait naitre : le péché et la mort. Ici, il nous dit ce qu’apporte la volonté du bon Dieu : le salut à nous qui sommes en quelque sorte les premières de ses créatures.

ii. Il se peut que Jacques fasse référence à sa propre génération de croyants lorsqu’il les appelle les premières de ses créatures, surtout parce qu’il écrit principalement à des chrétiens d’origine juive. Le fait que ces chrétiens d’origine juive sont les premières de ses créatures ou les premiers fruits selon d’autres traductions (Deutéronome 26:1-4) montre que Jacques s’attendait à une récolte subséquente plus grande de chrétiens d’origine non juive.

iii. Certains se sont livrés encore plus à des spéculations (allant peut-être trop loin) quant à l’idée des premières de ses créatures en disant que Jacques avait en tête une rédemption plus étendue parmi des créatures de Dieu inconnues, dont nous sommes les premières.

4. (19-20) Tenir ferme contre la colère injuste.

Ainsi donc, mes frères et sœurs bien-aimés, que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère, car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu.

a. Que chacun soit prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère : l’on peut apprendre à être lent à se mettre en colère en apprenant premièrement à être prompt à écouter et lent à parler. Une grande partie de notre colère provient du fait que nous sommes centrés sur nous-mêmes et non sur les autresPrompt à écouter est une façon d’être centré sur les autresLent à parler est une façon d’être centré sur les autres.

i. « La nature ne nous a-t-elle pas appris la même chose qu’enseigne l’apôtre ici, en nous donnant deux oreilles, qui sont ouvertes, mais seulement une langue qui est retenue par les dents et les lèvres ? » (Trapp)

b. Prompt à écouter, lent à parler, lent à se mettre en colère, car la colère de l’homme n’accomplit pas la justice de Dieu : À la lumière de la nature de la tentation et de la bonté de Dieu, l’on doit veiller tout particulièrement à être lent à se mettre en colère, parce que notre colère n’accomplit pas la justice de Dieu. Notre colère sert presque toujours simplement à défendre ou à promouvoir nos propres intérêts.

5. (21) Tenir ferme contre les convoitises de la chair.

C’est pourquoi, rejetez toute souillure et tout débordement dû à la méchanceté, et accueillez avec douceur la parole qui a été plantée en vous et qui peut sauver votre âme.

a. Toute souillure et tout débordement dû à la méchanceté : Cela décrit une manière de vivre impure. À la lumière de la nature de la tentation et de la bonté de Dieu, nous devons rejete[r] toute impureté, la gardant loin de nous.

i. Toute souillure : « La saleté puante d’un ulcère pestilentiel. Le péché est le vomi du diable, les excréments de l’âme, le superflu ou les déchets de la méchanceté… comme on l’appelle ici par une allusion aux déchets des sacrifices jetés dans le torrent du Cédron, c’est-à-dire le fossé de la ville » (Trapp).

ii. L’ancienne version Louis Segond 1910 traduit l’expression débordement dû à la méchanceté par excès de malice.

b. Accueillez avec douceur la parole qui a été plantée en vous : Contrairement à une manière de vivre impure, nous devons accueill[ir] la parole… plantée de Dieu (avec douceur, avec un cœur qui peut être enseigné). La parole peut [nous] sauver, à la fois dans notre situation actuelle et éternellement. La pureté de la parole de Dieu peut nous préserver même dans un siècle impur.

i. « Il faut donc avant tout accueill[ir]. Le mot “accueillir” est un mot de l’Évangile très instructif ; c’est la porte par laquelle la grâce de Dieu entre pour nous atteindre. Nous ne sommes pas sauvés par les œuvres, mais en accueillant ; non par ce que nous donnons à Dieu, mais par ce que Dieu nous donne, et ce que nous recevons de lui » (Spurgeon).

ii. Ici, Jacques fait allusion à la puissance spirituelle de la parole de Dieu. Quand elle est plantée dans le cœur humain, elle peut sauver votre âme. La parole de Dieu porte la puissance de Dieu.

6. (22-25) Comment recevoir la parole de Dieu.

Mettez en pratique la parole et ne vous contentez pas de l’écouter en vous trompant vous-mêmes par de faux raisonnements. En effet, si quelqu’un écoute la parole et ne la met pas en pratique, il ressemble à un homme qui regarde son visage dans un miroir et qui, après s’être observé, s’en va et oublie aussitôt comment il était. Mais celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui a persévéré, celui qui n’a pas oublié ce qu’il a entendu mais qui se met au travail, celui-là sera heureux dans son activité.

a. Mettez en pratique la parole et ne vous contentez pas de l’écouter : Nous devons accueillir la parole de Dieu en la mett[ant] en pratique, et non simplement en l’écout[ant]. Se contenter d’écouter la parole de Dieu sans l’avoir mise en pratique, c’est se tromper.

i. Il était pratique courante pour les gens dans le monde antique d’écouter un enseignant. Si vous suiviez l’enseignant et essayiez de vivre ce qu’il disait, on vous appelait un disciple de cet enseignant. On pourrait dire que Jésus cherche des disciples : des personnes qui mettent en pratique sa parole et non des personnes qui ne font que de l’écouter.

ii. Jésus a utilisé cette même idée pour conclure Son grand Sermon sur la montagne. Il a dit que toute personne qui entend la parole et ne la met pas en pratique est comme un homme qui a construit sa maison sur le sable, mais toute personne qui entend la parole de Dieu et la met en pratique est comme un homme dont la maison a été construite sur le rocher. La personne qui entend et met en pratique la parole de Dieu peut résister aux tempêtes inévitables de la vie et au jugement de l’éternité (Matthieu 7:24-27).

iii. « Un enseignant ou un prédicateur peut prononcer un discours éloquent sur l’évangile, ou expliquer habilement une prophétie de l’Ancien Testament au sujet du Christ, mais quand le sermon est terminé, il n’est pas terminé ; il reste quelque chose à faire dans la vie par les personnes qui l’ont entendu, et si elles se contentent d’une admiration sentimentale ou de jouir du plaisir émotif ou mental, elles ne doivent pas s’imaginer que c’est cela la religion » (Moffatt).

iv. « Je crains que nous ayons beaucoup de personnes de ce genre dans toutes les congrégations ; des personnes qui écoutent avec admiration et attachement, mais qui ne sont pas heureuses, parce qu’elles ne mettent pas en pratique la parole » (Spurgeon).

v. « Vous connaissez cette vieille histoire ; j’ai un peu honte de la répéter, mais elle illustre si bien mon propos. Quand Donald est sorti de l’église plus tôt que d’habitude, Sandy lui a dit : “Quoi, Donald, la prédication est terminée ?” “Non, a répondu Donald. La prédication a été dite, mais elle n’a pas encore commencé à être mise en pratique” » (Spurgeon).

b. Il ressemble à un homme qui regarde son visage dans un miroir et qui, après s’être observé, s’en va et oublie aussitôt comment il était : La personne qui ne fait qu’écouter la parole de Dieu et qui ne la met pas en pratique est aussi insensée et instable qu’un homme qui regarde dans un miroir et qui oublie aussitôt ce qu’il a vu. L’information qu’il a reçue n’a pas eu d’effet bienfaisant sur sa vie.

i. Qui regarde son visage : Le mot grec ancien traduit par regarde comporte l’idée d’un examen minutieux. Dans l’application, Jacques avait en tête les gens qui examinent minutieusement la parole de Dieu ; bien qu’ils puissent être considérés comme des spécialistes de la Bible, leur examen de la parole ne se traduit pas par une mise en pratique.

ii. « Le miroir de la Parole n’est pas comme notre miroir ordinaire, qui ne fait que montrer notre aspect extérieur ; mais, selon le grec du texte, l’homme y voit “le visage de sa naissance”, c’est-à-dire le visage de sa nature. Celui qui lit et entend la Parole n’y voit pas seulement ses actions, mais aussi ses motifs, ses désirs, sa condition intérieure » (Spurgeon).

iii. Lorsqu’il comprend la puissance de la Parole de Dieu, le prédicateur doit veiller soigneusement à ne pas entraver cette puissance. « Certains prédicateurs croient qu’il leur revient de brosser de jolis portraits, mais il n’en est pas ainsi. Nous ne devons pas concevoir et dessiner, mais simplement présenter le reflet de la vérité. Nous devons tenir le miroir devant la nature dans un sens moral et spirituel, et permettre aux hommes de se voir dans ce miroir. Nous ne devons même pas fabriquer le miroir, mais seulement le tenir. Les pensées de Dieu, et non nos propres pensées, doivent être placées devant l’esprit de nos auditeurs et ceux-ci découvrent qui ils sont. La Parole du Seigneur révèle les secrets : elle montre à un homme sa vie, ses pensées, son cœur, les tréfonds de son être » (Spurgeon).

iv. Une personne en bonne santé regarde dans le miroir pour faire quelque chose, et non pas simplement pour admirer l’image. De la même manière, un chrétien en santé examine la Parole de Dieu pour faire quelque chose de celle-ci, et non pas seulement pour accumuler des faits dont il ne se servira pas s’il ne met pas en pratique la parole.

v. « Les doctrines de Dieu, fidèlement prêchées, sont un tel miroir ; celui qui entend ne peut pas s’empêcher de découvrir son propre caractère, et d’être affecté par sa propre difformité ; il a de la peine, et a l’intention de se réformer ; mais quand la prédication est terminée, le miroir est retiré… il oublie aussitôt quelle sorte d’homme il était… il se dit qu’il n’est pas nécessaire de se repentir et de changer sa vie et ainsi il trompe son âme » (Clarke).

vi. « Prenez la loi de Dieu comme un miroir dans lequel vous vous regardez attentivement, a dit M. Bradford ; vous verrez ainsi la laideur de votre visage, et il sera si honteusement grivois, galeux, grêlé, et tavelé, que vous ne pourrez pas vous empêcher d’être attristé par la contemplation de celui-ci » (Trapp).

c. Mais celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté, et qui a persévéré… celui-là sera heureux dans son activité : Si nous étudions la Parole de Dieu attentivement et la mettons en pratique (persévér[ons]), nous serons heureux.

i. Celui qui a plongé les regards dans la loi parfaite, la loi de la liberté : Dans le grec ancien, le mot pour plongé les regards dans parlait d’un examen pénétrant, nécessitant même qu’une personne se penche pour mieux voir. Même si Jacques a souligné la mise en pratique, il n’a pas pour autant négligé l’étude de la Parole de Dieu. Nous devons plong[er] les regards dans la Parole de Dieu.

ii. Adam Clarke fait remarquer que le mot grec ancien traduit par persévéré est parameinas et comporte le sens suivant : « Prend le temps de voir et d’examiner l’état de son âme, la grâce de son Dieu, la mesure de ses devoirs, et la hauteur de la gloire promise. La métaphore ici est tirée des femmes qui passent beaucoup de temps devant leur miroir, afin de se décorer pour s’avantager au maximum, et qui ne laissent pas un seul cheveu, ou le plus petit ornement, hors de sa place. »

iii. La loi parfaite, la loi de la liberté : C’est une merveilleuse façon de décrire la Parole de Dieu. Dans la Nouvelle Alliance, Dieu nous révèle une loi, mais il s’agit d’une loi de la liberté, écrite sur notre cœur transformé par l’Esprit de Dieu.

iv. « Toute la doctrine des Écritures, ou surtout l’Évangile, est appelée une loi, Romains 3:27, tant parce qu’elle est un règlement qu’en raison du pouvoir qu’elle a sur le cœur ; et une loi de la liberté, parce qu’elle indique le chemin vers la meilleure liberté, la liberté face au péché, à l’asservissement de la loi cérémonielle, à la rigueur de la moralité et à la colère de Dieu » (Poole).

7. (26-27) Exemples de ce que cela signifie de mettre en pratique la Parole de Dieu.

Si quelqu’un [parmi vous] croit être religieux alors qu’il ne tient pas sa langue en bride, mais trompe son propre cœur, sa religion est sans valeur. La religion pure et sans tache devant Dieu notre Père consiste à s’occuper des orphelins et des veuves dans leur détresse et à ne pas se laisser souiller par le monde.

a. Si quelqu’un [parmi vous] croit être religieux : Jacques vient d’expliquer que la vraie religion ne consiste pas à entendre la parole, mais à la mettre en pratique. Une façon de mettre en pratique la parole de Dieu est de tenir la langue en bride.

i. Croit être religieux : Le Nouveau Testament n’emploie jamais le mot grec ancien traduit par « religieux » de manière positive (Actes 17:22, 25:19, 26:5 ; Colossiens 2:23). Jacques l’a employé ici pour décrire quelqu’un qui est religieux, mais qui n’est pas vraiment en règle avec Dieu, et cela est évident parce qu’il ne tient pas sa langue en bride.

b. Sa religion est sans valeur : Votre marche avec Dieu est sans valeur si elle ne se manifeste pas dans la façon dont vous vivez et dont vous traitez les autres. De nombreuses personnes trompent leur propre cœur concernant la réalité de leur marche avec Dieu.

i. « Cela semble faire allusion aux Juifs hypocrites dont la religion consistait grandement à observer la loi extérieurement et à se garder des souillures cérémonielles, alors qu’ils étaient salis par un si grand nombre de souillures morales, Matthieu 23:23 ; Jean 18:28 ; ils dépouillaient les veuves de leurs biens » (Poole).

ii. « Il ne nie pas la place du culte public (voir Jacques 2:2 et 5:14) ou des pratiques religieuses, mais il explique qu’aux yeux de Dieu, la religion pure et sans tache s’exprime par des actes de charité et de chasteté, les deux caractéristiques de l’éthique chrétienne primitive qui ont impressionné le monde contemporain » (Moffatt).

c. La religion pure et sans tache devant Dieu : La religion pure et sans tache aux yeux des hommes n’est souvent pas pure et sans tache devant Dieu.

d. Consiste à s’occuper des orphelins et des veuves dans leur détresse et à ne pas se laisser souiller par le monde : Une vraie marche avec Dieu se manifeste de manières simples et pratiques. Elle consiste à aider les personnes dans le besoin et à ne pas se laisser souiller par la corruption du monde.

i. « Le ritualisme biblique, le culte externe pure, la vraie incarnation des principes internes de la religion, consiste à s’occuper des orphelins et des veuves dans leurs afflictions, et à ne pas se laisser souiller par le monde. La charité et la pureté sont les deux grandes parures du christianisme » (Spurgeon).

ii. « La vraie religion ne consiste pas simplement à donner quelque chose pour le soulagement de ceux qui sont dans la détresse, mais elle leur rend visite, elle veille sur eux, elle s’en occupe ; c’est ce que signifie episkeptesthai. Elle se rend dans leurs maisons, et parle à leur cœur ; elle satisfait leurs besoins, compatit à leur détresse, les instruit sur les choses divines, et les remet à Dieu. Et elle fait tout ceci pour le Seigneur. C’est la religion de Christ » (Clarke).

e. Ne pas se laisser souiller par le monde : L’idée n’est pas qu’un chrétien se retire du monde, mais plutôt qu’il interagisse avec des orphelins et des veuves dans leur détresse et d’autres personnes semblables qui sont dans le besoin. L’idéal chrétien ne consiste pas à se retirer du monde (les chrétiens sont dans le monde, ils ne sont pas du monde) et à ne pas se laisser souiller par le monde.

i. « J’aimerais voir un chrétien, non pas préservé dans un présentoir en verre à l’abri des épreuves et des tentations, mais couvert d’un bouclier invisible pour que partout où il va, il soit protégé des mauvaises influences qui sont dans le monde dans presque tous les lieux » (Spurgeon).

ii. Dans le livre de la Genèse, Lot est un exemple d’un homme qui était souillé par le monde. Il a commencé à vivre en direction de Sodome, en ignorant le climat spirituel de la région en raison de la prospérité qui s’y trouvait. Finalement, il s’est installé dans la méchante ville et s’est joint aux dirigeants de celle-ci. Lot a fini par tout perdre et il a été sauvé de justesse.

iii. « Aucun livre ne présente un idéal aussi noble de ce que la vie peut devenir quand elle est soumise à la grâce de Christ. Un cœur purifié, et un vêtement sans tache ; il n’est permis à aucun péché d’entrer dans l’âme, ni à aucune méchante habitude de dominer et d’envouter la vie » (Meyer).

© 2023 The Enduring Word Bible Commentary by David Guzik – ewm@enduringword.com

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